Lettre d´information n°2 - suite

Suite présentation et commentaire de l´énigme des tueurs en série de Daniel Zagury

Daniel Zagury, expert psychiatre, membre du Centre Ressource de l´Ile de France Pôle Est pour Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles est auteur de l´énigme des tueurs en série - éditions Plon 2009

La problématique des tueurs en série n´est pas si éloignée de celle des violeurs en série d´autant  plus qu´un certain nombre de ces sujets cumulent les deux comportements destructeurs. L´originalité de l´approche de Daniel Zagury dans cet ouvrage de saine vulgarisation c´est de nous initier à la complexité clinique de ces problématiques à travers l´itinéraire de sujets qui ont défrayé la chronique des fais divers tragiques ces dernières années, dont Guy Georges, Patrice Allègre, Emile Fourniret, Pierre Chanal, qu´il a eu l´occasion d´expertiser dans le cadre de leur instruction.

Zagury nous parle des « tueur en série » en croisant les trois grandes notions « psychopathie, perversion, psychose » car pour lui l´intrication des registres est ici quasiment la règle. Il faut sortir de la seule bipartition des psychopathes pervers et des schizophrènes.
Si pour lui chaque tueur en série a des composantes psychopathique, psychotique et perverse, « la variante c´est la pondération de chacun des pôles c´est aussi la réussite relative ou l´échec du clivage selon qu´il permet la cohésion du moi au prix d´une part maudite ou selon qu´il est débordé dans sa fonction de barrière interne, n´offrant plus de résistance à l´envahissement délirant ».

Ainsi il nous propose le modèle du triangle barré retranscrit ci-dessus

Le clivage peut dont être efficient ou non. Son absence chez Fourniret par exemple résulterait de « l´accomplissement du processus pervers ». « Dans un mouvement de progression la perversion peut sauver un temps de l´effondrement psychotique. »

Quand D. Zagury évoque le « Pôle pervers » il insiste sur les différenciations à faire entre perversions sexuelles, perversité, perversions narcissiques (Racamier), perversité sexuelle (Balier).
Il invite à faire le distinguo. entre « pervers de divan » et «  pervers de prison » autrement dit entre ceux qui mettent en scène leur scénario et ceux qui mettent en acte leur destructivité.

L´auteur compare les mécanismes de déni et de clivage, revient sur le « dédoublement de la personnalité » en reconvoquant les / le personnage (s) du Docteur Jekyll et de Mister Hyde.

Un ouvrage remarquable qu´il faut aborder comme une aide à penser ces situations extrêmes tant l´auteur à fait œuvre de pédagogie pour rendre compte de la complexité clinique en jeux.

Pierre-Yves Emeraud
CRIAVS Rhône-Alpes

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