Éditorial par Caroline Pelletier-Charpy, CRIAVS Rhône-Alpes

L’affaire Laëtitia, les joggeuses….et autant d’autres événements évidemment dramatiques, où l’atteinte à l’être humain est en effet indiscutable.

En revanche, ce qui l’est, c’est le mode de transmission de ces informations, parfois erronées, raccourcies, ou encore stéréotypées….et c’est bien ce que tout un chacun, connaissant ou non ces questions, reçoit chez lui, dans son intimité, éventuellement en famille, en prise directe avec les représentations personnelles, mais également avec les affects soulevés chez l’être humain.

C’est bien tout cela qui est heurté, effracté par cette transmission brute et sans détour, qui évolue mais souvent de façon contradictoire, élément d’ailleurs peu remarqué. Si certains compléments étaient amenés ils permettraient de développer l’esprit critique, de comprendre, de questionner, mais l’effraction a déjà fait son effet de « remplissage », d’absence de recul, de prise directe avec les émotions….manifestement le questionnement n’a plus sa place.

L’on peut dire effectivement que tel ou tel élément n’y changera rien, les faits ont eu lieu !! C’est une évidence ! C’est une Réalité, au sens de l’acte. L’horreur, l’indignation soulevées sont nécessaires et encore une fois, elles aussi humaines, normales et attendues dans le cas des familles et des proches concernés. Au-delà d’une simple nécessité nous savons que tout au moins la colère est un élément indispensable à la sortie du cercle psychique du traumatisme ou du deuil.

Une connaissance accrue des affaires en cours, médiatisées ou non est notamment l’objet d’intérêt des juristes certes, du législateur bien-sûr, des instances judiciaires bien-entendu ! Mais pas seulement…..Nous oublions souvent que d’autres personnes sont concernées, les personnes sous main de justice, les détenus et donc les auteurs de violences sexuelles.
C’est à leur contact au quotidien, dans un cadre de soin que nous pouvons parfois constater les ravages d’un tel discours, de cette information qui reste souvent caricaturée. En effet, par le choix des affaires soulevées, par la nature des faits « choisis » à l’exposition au grand public, par les termes employés, l’image véhiculée, mais surtout par l’Imaginaire déployé, nous orientons le regard du grand public.

C’est bien-sûr aussi la Réalité mais pas seulement…Le Réel peut-être ? Et c’est bien en cela que la plupart des AVS que nous pouvons rencontrer en prison se font l’écho de tout cela et tirent la conclusion selon laquelle « Nous ne sommes pas comme eux, ils nous mettent tous dans le même sac et ils vont serrer la vis »….Le même sac…et voilà comment nous réintroduisons l’insécurité interne dans le Symbolique préalablement mis ou remis au travail, toujours par l’effraction, en mettant à mal les questions autour de ce qui nous appartient, ce qui est à eux, ce qui est à l’autre dans la relation interpersonnelle, autour de ce qu’ils n ‘ont pas fait, du  positionnement victimaire, qui relance effectivement et sans détour la position défensive interne, là aussi nécessaire à la mise en sens d’autres parties de la personnalité de ces sujets ou de leur fonctionnement psychique par ailleurs.
Mais n’oublions pas que l’être humain se constitue et évolue aussi dans une position interactionniste entre le sujet et son milieu, ce dernier lui aussi fait des représentations et du discours porté….. 

« Le Moi se constitue à l’image du semblable » Lacan

"Ce que je crois, c’est que nous appartenons tous à Pædophilia. En règle générale Pædophilia donne la vie, le lait, la confiance, et les mots. Mais il arrive que Pædophilia fasse tout le contraire, qu’elle se retourne contre la vie, semant la terreur, le silence et la mort. Si Pædophilia fait le bien le plus précieux aux grands et aux petits, elle fait parfois le plus grand mal. C’est un incroyable mystère. Et tellement éprouvant pour la conscience qu’on ne sait presque rien en dire.
Ce n’est pas sa faute d’éprouver Pædophilia. Tout le monde y passe. C’est le plus répandu, le moins contesté, le plus poignant  des sentiments. Mais c’est en même temps le moins interrogé, le moins réfléchi." (Dos de couverture)

Annie Leclerc a grandi dans le Limousin au sein d’une famille aux traditions humanistes. Après des études à la Sorbonne, elle s’est consacrée à l’enseignement de la philosophie. Auteur de nombreux essais parus chez Grasset, elle a publié chez Actes Sud  Toi, Pénélope (2001), Eloge de la nage (2002), L’enfant, le prisonnier (2003) et l’amour selon Mme de Rênal (2007) ; Parole de femme (1974) a été repris en Babel (n° 473). Elle est décédée à l’automne 2006. 

Essai littéraire qui a été publié avec l’aide de Nancy Huston écrivaine franco-canadienne alors que l’auteur était décédé. Cet ouvrage est une tentative de parler des abus sexuels subis par Annie Leclerc, enfant. Il  semble en suspens et laisse un questionnement.
La narratrice  essaie par son authenticité de s’interroger sur ce qui se passe et d’en comprendre le sens.
Ce livre est intéressant, il évoque une vraie difficulté à transcrire l’émotion, à mettre en mots, ces agressions. Pour le lecteur, s’installe un silence autour de cette tentative de révélation.

Cet ouvrage apporte  ce qu’est une vraie compréhension de la révélation et de sa fragilité.

Pascale Faure infirmière CRIAVS-RA Délégation Saint Etienne

LECLERC, Annie ; HUSTON, Nancy, Préfacier. Paedophilia ou l´amour des enfants. Paris [FRANCE] : Actes sud, 2010. - 128 p.. - (Un endroit où aller)

* Manifestations organisées par le CRIAVS Rhône-Alpes

- Le 04/04/2011 aura lieu la prochaine réunion Santé-Justice organisée par le CRIAVS - Délégation de St Étienne afin  de poursuivre le travail de maillage maintenant bien engagé notamment avec les JAP et le SPIP de la Loire.

- Jeudi 14 avril 2011 - Délégation de Saint-Étienne - Les rencontres du CRIAVS - Intervention de  M. Jean-Louis SENON, sur le thème : "Problèmes posés par l´organisation des psychothérapies dans la prise en charges des auteurs de violences sexuelles". En savoir plus

- Jeudi 14 avril 2011 - Délégation de Grenoble - Les soirées du CRIAVS - Intervention de  M. Philippe VITTINI, Medecin psychiatre et coordonnateur, Expert prés de la cours d´appel de Grenoble,  sur le thème : "Les expertises psychiatrique et psychologique". En savoir plus

- Le 18/04/2011 débutera une réflexion avec l’équipe de l’UCSA de la Talaudière autour de l’utilisation de l’outil "Qu’en dit-on ?"

* Autres manifestations :

- Le 15/04/2011 - Journée ARTAAS Région Normandie : L´adhésion aux soins des Auteurs de Violences Sexuelles. En savoir plus

- Le 15/04/2011 - La Sexualité des adolescents : une approche sociale, médicale et psychologique. Organisé par la Direction Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de l´Isère. En savoir plus

- Le 05/05/11 - 3ème rencontre interrégionale Santé, Justice, Administration pénitentiaire. Journée organisée par l´Association AIPCY. En savoir plus

- Le 05/05/11 - Autour de la libération conditionnelle. Journée organisée par L´Association Nationale des Psychiatres Experts Judiciaires. En savoir plus

- Les 9 et 10 juin 2011 - Journées Nationales de l´ARTAAS à Grenoble : La contrainte pénale, une sorte de médiation thérapeutique ? En savoir plus

* Accès à ThésèAS - Base de données documentaire nationale des CRIAVS : Acquisitions et nouveautés du centre de documentation du CRIAVS Rhône-Alpes :

- N°152 - Avril 2011 - Winnicott et la création humaine 3ème partie (Bulletin de Le Carnet Psy)

- N°156 - Mars 2011 - L´Inceste (Bulletin de Santé mentale)

- Les ARS, un an après / Emmanuelle WARGON

- Dossier documentaire sur l´Office de Suivi des Délinquants Sexuels (OSDS) / CRIAVS RHÔNE-ALPES 

- Guide méthodologique des coopérations territoriales / MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS

- Rapport sur l´évaluation du dispositif de l´injonction de soins / Patrick BEAU

- Démographie de la médecine spécialisée libérale en Rhône-Alpes / URML Rhône-Alpes (Union Régionale des Médecins Libéraux de Rhône-Alpes)

- Plan d´actions stratégiques 2010-2014 : Politique de santé pour les personnes placées sous main de justice / MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS ; MINISTÈRE DE LA JUSTICE ET DES LIBERTÉS

* PRESSE : Les articles de presse régionaux et nationaux repérés chaque semaine sont référencés et disponibles en ligne ici

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Pour retrouver de façon détaillée chaque semaine la revue de presse, les derniers articles, rapports et autres documents publiés sur la thématique des violences sexuelles, la veille médias ainsi que la veille juridique, abonnez-vous au bulletin documentaire national des CRIAVS ou consulter les derniers numéros.

 Le centre de documentation du CRIAVS Rhône-Alpes répond à vos demandes documentaires et d´ouvrages par email, téléphone ou directement sur place sur RDV à Grenoble. Ces documents sont disponibles gratuitement - sous condition d´inscription préalable - à l´ensemble des professionnels de la région Rhône-Alpes.

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Réseau Mariage Forcé 38
Le réseau Mariage Forcé est crée à Grenoble depuis 2007, il regroupe plusieurs partenaires : Aide Information aux Victimes (AIV), Amnesty International, L’Amicale du Nid, L’Appart, le Planning Familial 38, Rialto (Issue de Secours) et Solidarité Femmes Grenoble.
Le 25 mars, un temps d’échange a été organisé à la Maison des Associations de Grenoble avec plusieurs interventions faisant suite au passage d’un filme « L’été de Noura » :
- " Les mariages forcés, le caractère complémentaire et annexe du traitement juridique" par Mme Emmanuelle Massalve, Juriste Expert de l’Association FIJI Rhône-Alpes (Femmes Informations Juridiques Internationales)
- " Le mariage comme institution sociale : un regard anthropologique" par Mme Sandrine Musso, Sociologue
- Présentation du Réseau Mariage Forcé par Mme Latifa Drif, Planning Familial 34
Mme Brigitte Périllié, Vice-Présidente du Conseil général 38, Chargée de l’Enfance et de la Famille et de l’égalité Homme-Femme et M. Noblecourt, Adjoint à l’action sociale et familiale de la Mairie de Grenoble étaient présents.
Le réseau s’est doté d’une charte en 2009 et a du gérer 10 situations en 2010 dont l’une impliquant une personne mineure.


Journée du Conseil Local de Santé Mentale de Grenoble du 19 mars 2011
Dans le cadre de la semaine d’information sur la Santé Mentale, le Conseil Local de Santé Mentale de Grenoble a organisé sa journée annuelle de réflexion regroupant usagers, militants associatifs, professionnels dans les locaux de l’IFTS d’Echirolles.
Le thème de la journée « Santé Mentale : comment en prendre soin ensemble ? », développé à travers l’ensemble de la journée aussi bien les ateliers du matin que les interventions de l’après-midi.

Les interventions :
« Où en est notre système de sécurité sociale ? » avec Muriel Lejeune-Vidalenc de la Direction Handicap et Grand Âge de l’ARS et Chantal Cornier, Directrice de l’IFTS
« Une maison des usagers au Centre Hospitalier Alpes-Isère » avec Mme Debeauchamp
« les différentes formes de solidarité et d’entraide ainsi que leurs limites par le Groupe d’Entraide Mutuelle (GEM) - intervention collective
« Comment devenir acteur de ses soins », présentation de l’activité d’une association d’usagers VIP par Cécile Aventurier.

Le CRIAVS Rhône-Alpes a tenu un stand d’information.

Pierre-Yves Emeraud, Infirmier CRIAVS RA

Journée interprofessionnelle organisée à Chambéry  par Education Santé Savoie sur le thème « amour sexualité et handicap mental ».
Le CRIAVS Rhône Alpes a assisté le 29 Mars 2011 à la journée interprofessionnelle organisée à Chambéry par Education Santé Savoie sur le thème « amour sexualité et handicap mental ».
Les interventions :
« Le handicap, entre hostilité et hospitalité : de l’intime au social »de Patrick Pelege ; docteur en sociologie et  directeur du collège coopératif Rhône Alpes.
« Handicap mental et sexualité, le point de vue de l’expert judiciaire et du sexologue »du Docteur Patrick Blachère , psychiatre , sexologue et expert judiciaire.
« La place de la sexualité en institution » table ronde avec des acteurs de terrain.

L’interrogation qui était dans les différents débats fut le consentement d’un sujet  handicapé mental. Celui-ci se trouvant soit l’auteur ou la victime. L’auteur pouvant être un professionnel ou bien un « camarade » de l’institution.
Lorsque nous avons connaissance de faits de violence sexuelle, il nous est difficile de nous positionner. De la dénonciation à la réalisation de l’enquête auprès de ces sujets ; tous les professionnels sont en difficulté.
Ce fut une journée riche en débats, partagés dans la bienveillance, qui nous a permis de réfléchir ensemble sur un sujet rarement abordé.
Sylvie Espeil-Marc Infirmière CRIAVS RA

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