Par le Docteur Dominique STRAUB
CRIAVS Rhône-Alpes, Responsable de la Délégation de Saint ETIENNE
Les drames sidérants de ces dernières semaines ont conduits à de nombreux commentaires politico-médiatiques, parfois à des ébauches de polémiques. Tous sont centrés sur la protection légitime de la société, et l’efficacité de nos systèmes de sécurité.
Dans la conjoncture actuelle, la proposition sera sans doute, une fois de plus, la modification d’une loi.
Pourtant, que ce soit dans l’affaire MERAH ou dans celle des adolescents vraisemblablement concepteurs d’un assassinat, pour éviter d’être dénoncés pour de simples faits de vol, la question de l’organisation de la personnalité de ces auteurs se pose.
Pour Pierre LAMOTHE, MERAH n’est pas un homme organisé, froid qui a « mis la France à genoux», mais avant tout une personne dans l’échec, qui a été mis dehors partout où il s’est présenté : école, armée et même Al QUAIDA. Ses actes n’ont rien de courageux, en ne s’attaquant par surprise à des personnes sans défense, et seule la mise en scène médiatique de sa fin, a eu de l’ampleur, peut-être souhaitée par certains.
Depuis des années, Maurice BERGER, pédopsychiatre au CHU de Saint Etienne, effectue la prise en charge d’enfants hyper-violents, souvent victimes des parents hyper-violents et/ou négligents, et, il regrette l’absence de politique de prévention en France, contrairement à ce qui existe, notamment au CANADA.
Alors que les mesures de tentative de correction des effets de ces troubles du comportement se multiplient, le plus souvent dans le sens de la répression et de l’éviction de la société, rien n’a jamais été entrepris dans notre pays pour une détection et des soins précoces des enfants susceptibles d’évoluer vers ce type de personnalité.
Dans plusieurs de ses livres (dont le dernier « Soigner les enfants violents » vient de sortir chez DUNOT), il souligne l’aberration de cette attitude, en termes de souffrances psychiques et de perte de qualité de vie. Même l’argument économique ne justifie pas cette attitude: il chiffre à 1 million d’euros le coût global, de la prise en charge d’un enfant hyperviolent, bien au-delà de ce que coûterait une campagne de prévention bien conduite.
Il se demande quelle société peut supporter des soins à ce niveau de coût. L’abandon de ces enfants à leur sort, est le plus souvent la règle avec, malheureusement parfois, les conséquences que l’on a observées.
À la veille d’élections importantes dans notre pays, peut-être va-t-on entendre parler de prévention, mais cela supposerait que l’on pense à long terme.
Il est loin le temps de SULLY qui plantait des forêts pour que le roi ait des mâts de bateaux plus de cent ans plus tard…