Lettre d´information n°6 - Janvier 2010
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« Aime ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18) et la question pédophile !

Par André Ciavaldini, Directeur de Programme du CRIAVS Rhône-Alpes

 

Avant tout, je présente de la part du CRIAVS Rhône-Alpes, à ceux qui nous lisent, à ceux qui nous accompagnent dans nos missions, tous nos vœux. Chacun en fera l’usage qu’il souhaite.

Mais que devient le CRIAVS Rhône-Alpes avec un tel titre ?

Cette injonction, largement admise comme source du Bien dans notre culture, ne doit-elle pas faire partie de notre réflexion, nous qui avons pour mission de venir appuyer les équipes dans la charge de soins qu’elles ont à exercer auprès des auteurs de violences sexuelles ?
Pour faire bref, peut-on, en ce début d’année, faire le vœu que les hommes apprennent à « aimer leur prochain comme eux-mêmes » ? Une telle injonction, empreinte d’une grande humanité, semble résonner de manière discordante à la lecture de deux rapports qui nous parviennent d’Irlande.
En mai 2009, le ministère de la Justice irlandais publie un rapport (Rapport Ryan) montrant que pendant des décennies les enfants internés dans les écoles d’apprentissage irlandaises ont subi d’innombrables agressions. En novembre, un nouveau rapport, toujours commandité par le ministère de la Justice, révèle que, dans le diocèse de Dublin, la hiérarchie catholique a mis en place un système bureaucratique destiné à étouffer toutes les affaires de pédophilie (Rapport Murphy). La pédophilie, encore elle, avec sa violence, puis la violence de l’effacement. La honte indicible. Cette honte qui tente de recouvrir d’un voile de silence la putréfaction de la passion quand elle vient au jour.

Comment penser que des prêtres, qui ne peuvent pas ignorer le sens de l’injonction qui sert de titre à cet éditorial, ont pu, des décennies durant, perpétrer des violences sexuelles sur ceux qu’ils étaient sensés encadrer, aider ? Avons-nous affaire au Mal et à sa banalité ? Mais là encore qu’est ce mal là ? Communauté d’exercice de la violence sexuelle qui lie ceux qui l’agissent ? Facilité d’accès à l’impunité ? Libre cours laissé à la domination de l’autre ramené à l’état de chose ? Jouissance du châtiment infligé sous couvert d’apprentissage? Les raisons ne manquent pas pour tenter de comprendre l’ecclésia irlandais. Qui étaient individuellement ces hommes ? Tous ont-ils participé à l’outrage ? Étaient-ils des « Hommes ordinaires » (Browning C. R. (1992) : Des hommes ordinaires, Paris, éd. Les belles lettres, 1994, 284 p.) ? L’histoire nous le dira sûrement.

Au terme de ce parcours institutionnel, où l’imposition de la chasteté, pas toujours consentie, n’est pas étrangère, laissant trop souvent le sujet seul face à ses pulsions, il y a la pédophilie et toujours sa violence comme ultime expression d’une histoire délabrée avant de devenir délabrante.
La pédophilie est donc, au-delà de la violence dégradante qu’elle entraine, une expression, un signe. Peut-on la penser aujourd’hui comme une gangrène sociale ou comme le désespoir des hommes ou les deux, la seconde alimentant la première ? A nous d’en décoder le sens pour l’intégrer dans ce que l’on nomme le soin, tout en sachant que, si comprendre permet souvent d’aider, ce n’est pas pour autant qu’il s’agit d’excuser ce qui, de toute façon, est inexcusable. Dans ce chemin du soin qui est le nôtre nous avons une alliée, la Loi. Loi des Humains, qui ne laisse pas l’homme agir à sa guise. Loi qui ne connaît pas, a priori, la passion. Loi qui s’applique à tous également, nous qui naissons, au moins, égaux en droit.

Pour autant, certains seraient plus égaux que d’autres, comme ces animaux, mais à l’inverse d’eux, de la ferme de George ORWELL (ORWELL G. (1944) : La ferme des animaux, Paris, éd. Poche, 1984). Ceux que leur environnement familial premier aurait su protéger de la violence de leurs pulsions, seraient plus égaux que ceux qui furent trop tôt, dans une solitude délétère, confrontés aux leurs. Une trop grande solitude face à la puissance pulsionnelle première est l’un des lieux majeurs de fabrication de la pédophilie qui transforme la pulsionnalité sexuelle en passion dont nous savons que l’étymologie signifie souffrir. Une pulsionnalité sans loi qui la régit devient une source indicible de souffrance mais aussi de violence.

Ainsi, quand la Loi est représentée, pour ceux qui énoncent et agissent en lien avec d’autres, alors l’injonction du Lévitique, repris plus tard par Luc, prend toute sa valeur : « Aime ton prochain comme toi même » dans le respect de ta place et de celle à qui s’adresse ta pulsionnalité.

Donc, en toute légalité, nos meilleurs vœux à tous.

Maillage Santé Justice

Délégation de Saint Étienne

 

Monsieur le Docteur Straub a rencontré les procureurs dans le cadre du maillage santé-justice, afin d’établir le mode de collaboration avec le CRIAVS Délégation de Saint-Etienne.

D’autre part, une réunion de présentation du CRIAVS est organisée le 19 janvier 2010 à l’hôpital Bellevue, avec les différents partenaires, afin repréciser le rôle du médecin coordonateur et le fonctionnement global de la prise en charge des auteurs de violences sexuelles.

Nouveautés de la documentation

  • Dernières acquisitions du centre de documentation du CRIAVS Rhône-Alpes : consulter la liste
  • Publications récentes repérées :

- Recommandation professionnelle de la HAS : Note de cadrage de recommandations de bonne pratique : "Repérage et signalement des violences sexuelles intrafamiliales chez l’enfant"

- AJP décembre 2009 : dossier sur la loi pénitentiaire

- Population et société : décembre 2009 n°462 - suicide en prison, la France comparée à ses voisins européens (par Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey, Jean-Louis Pan Ké Shon )

 

- Rapport de l’Assemblée Nationale sur La prise en charge sanitaire, psychologique et psychiatrique des personnes mineures placées sous main de justice, M. Zumkeller, 2 décembre 2009

 

Événements, colloques, formations

  • Prochaine soirée du CRIAVS Rhône-Alpes à la délégation de Grenoble le jeudi 21 janvier 2010 à 20h30 : 

                               La pédophilie au féminin par Philippe GENUIT


Plus de détails - Entrée libre sur inscription uniquement auprès du secrétariat de la délégation de Grenoble

 

www.criavs-ra.org
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