En 2008, 3 884 mineurs ont été mis en cause pour viol, harcèlement et autres agressions sexuelles en France métropolitaine.  Parmi ces mis en cause 1 767  l’ont été pour viol, dont 1 678 pour viol sur mineurs. Les chiffres accuseraient depuis 2000 une augmentation de plus de 57% (1). Dans la criminalité globale,  un crime sur quatre est un  viol et un viol sur 5 serait commis par des mineurs.
Face à ces chiffres les professionnels du secteur Social, de la Justice et du Secteur Sanitaire se questionnent autour de ces actes de  violence sexuelle à l’adolescence, voire pour certains,  plus tôt.
Comment penser cette violence, dans la diversité et la complexité des actes commis, et de leurs auteurs. La plupart des adolescents ne commettent et ne commettront jamais ces violences. Même si,  pour nombre d’adultes auteurs d’agressions sexuelles, les premiers passages à l’actes ont eu lieu à l’adolescence, les actes de violence sexuelle de l’adolescence ne présagent pas, et loin s’en faut, de l’avenir.
La clinique et l’expérience des professionnels, de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, et des structures sanitaires identifient les actes de violences sexuelles commis à l’adolescence dans une pluralité de problématiques, tant sociales, familiales et psychiques, et les différencient des violences sexuelles perpétrées à l’âge adulte.
Violence sexuelle et/ou violence du pulsionnel ? L’adolescence est un moment de remaniements physique,  physiologique, hormonal et psychique  qui affecte tous les secteurs de la vie relationnelle. C’est  un  temps de passage.  Temps de transformation identitaire, de changement de référentiel interne,  c’est le passage du monde de l’enfance au monde de l’adulte. Une mutation du rapport au plaisir et à la sexualité.
Les adolescents sont aux prises avec une société elle aussi  en mutation, en perte de repères, notamment familiaux, violente dans l’apprentissage de la sexualité  qui s’opère de plus en plus souvent via la pornographie.
Comment pense-t-on aujourd’hui et ici,  les sanctions pour ces mineurs auteurs de violence sexuelle ? La loi de 1945 fonde la Protection Judiciaire de la Jeunesse et  articule les sanctions éducatives et les sanctions punitives d’incarcération dans des établissements pénitentiaires spécifiques (quartiers pour mineurs ou EPM, Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs). Qu’en est-il aujourd’hui de la validité de cette articulation ?
Comment les violences, et spécifiquement celles sexuelles chez les mineurs sont-elles judiciarisées  dans la particularité des Tribunaux pour  Enfants ?
Comment sont pensés les soins et quelles sont les prises en charge concertées actuelles  de ces jeunes auteurs?
C’est autour de ces questions que s’organisera cette journée d’étude, la deuxième que le CRIAVS-RA, Centre Ressource « Claude Balier » propose.
Nous conclurons momentanément sur le devenir  des accompagnements de ces mineurs devenus majeurs, de ces enfants/adolescents devenus adultes et  par une réflexion sur la prévention au long cours des violences sexuelles à l’adolescence.

Frédérique Lavèze
C.R.I.A.V.S Rhône-Alpes